Les banques en ligne ont perdu 441 millions d’euros en 2020

pertes banque en ligneLes banques en ligne gagnent de nouveaux clients… mais les pertes se sont creusées en 2020, selon l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution), qui ne parle pas encore des chiffres de 2021. Pas de surprise cependant dans cette annonce : le fait que la plupart des banques n’ont pas atteint la rentabilité est connu. 

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Des pertes importantes à nuancer

441 millions d’euros, c’est le chiffre total de pertes engrangées par les 15 principaux acteurs chez les banques en ligne. Pour comparaison, ce chiffre était de 376 millions en 2019. Les pertes se sont donc creusées. Le résultat net par client a baissé lui aussi, passant de -45€ en 2019 à -57€ en 2020.

Toutefois, ces pertes sont à nuancer, car tout dépend des établissements. 

L’étude précise ainsi qu’il faut différencier les acteurs dits généralistes, qui proposent un grand nombre de services bancaires, des acteurs spécialisés, souvent indépendants, qui ont choisi une cible plus restreinte.

Ainsi, les acteurs spécialisés seraient tous déjà rentables, ou devraient l’être à l’horizon 2022-2023. Les acteurs 100% mobiles seraient même les plus rentables.

En revanche, parmi les acteurs généralistes, qui appartiennent souvent à un grand organisme, seuls deux semblent être rentables. D’après les descriptions de l’ACPR, le deuxième acteur est sans doute Fortuneo, celui-ci ayant déjà communiqué en la matière.

En effet, l’étude explique que : « L’un de ces acteurs fonde son modèle d’activité sur un réseau de distribution mixte en s’appuyant
également sur un réseau physique (« phygital »), avec des gros volumes et des services exclusivement payants. L’autre, un acteur historique du marché, est caractérisé par une bonne maîtrise de ses coûts et une base clients particulièrement stable. »

De même, l’augmentation des pertes pourrait être imputée à deux acteurs en particulier, à cause des gros investissements demandés à leur maison mère en matière de développement informatique, de fonctionnalités, et d’augmentation de frais de personnel.

Des coûts d’acquisition trop élevés

Toujours entre 2018 et 2020, l’étude constate que le nombre de clients a doublé chez les établissements étudiés. On passe de 8 à 16 millions de clients. Toutefois, cette augmentation ne permet pas de contrebalancer les pertes et de réduire les coûts, car l’acquisition coûte cher en primes de bienvenue (spécialité des offres de bienvenue des banques en ligne) et publicités.

Afin d’améliorer leur rentabilité, les banques en ligne misent sur la diversification de leurs produits, comme l’épargne, le crédit ou des services plus nouveaux à l’image du cashback. L’objectif est maintenant de proposer une base de services gratuits, auxquels le client pourra adjoindre des services payants.

Que déduire de l’étude ?

Bien que très intéressante, l’étude de l’ACPR ne fait qu’appuyer des faits dont on avait déjà conscience en règle générale. La plupart des banques en ligne misent d’abord sur l’acquisition client en masse avec pour objectif de monétiser ensuite cette base client importante en proposant davantage de services. Cela ne pose pas de problème étant donné que les banques en ligne sont soutenues par de grands groupes.

Toutefois, il peut être intéressant de lier cette étude avec le départ d’ING début 2022. Bien qu’étant une grande banque, ING a préféré fermer sa banque en ligne, non rentable, plutôt que d’investir davantage et de se montrer patiente, sans doute parce qu’elle avait conscience de la rude concurrence. On peut aussi faire l’hypothèse que la santé peu florissante de la maison mère l’a poussée à cesser les dépenses.

Si l’ACPR est attentive à la rentabilité des nouveaux acteurs bancaires, c’est sans doute par crainte que tous ou presque finissent par mettre la clef sous la porte un jour en constatant les pertes, comme l’ont fait ING puis Pumpkin plus récemment. Toutefois, le fait que certains établissements soient déjà rentables montre que le modèle est possible.

Les acteurs étudiés sont les suivants : Boursorama (Groupe Société Générale), BforBank (Groupe Crédit Agricole), Hello Bank (Groupe BNP Paribas), ING Direct (Groupe ING), Monabanq (Groupe Crédit Mutuel Alliance Fédérale – CIC), Orange Bank (Groupe Orange), Ma French Bank (Groupe La Banque Postale), Nickel (Groupe BNP Paribas), Qonto, N26, Fortuneo (Groupe Crédit Mutuel Arkéa), Revolut, Manager.one, Lydia et Younited Credit

>> L’étude de l’ACPR peut être retrouvée ici

Rédigé par Claire Krust - Mis à jour le 23/10/2023

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