Les banques en ligne vont-elles rester gratuites ?

Les offres des banques en ligne évoluent beaucoup plus vite que celles des banques traditionnelles. Là où on ne trouvait auparavant que des offres gratuites, des formules payantes ont désormais fait leur apparition. La gratuité fait pourtant partie de l’ADN des banques en ligne… resteront-elles gratuites à l’avenir, ou le modèle est-il voué à l’échec ? 

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Evolution des tarifs des banques en ligne

De nombreux changements au fil du temps

Les offres des banques en ligne ont un rythme d’évolution plus élevé que celles des banques traditionnelles. De plus, il arrive plus souvent que les banques en ligne remodèlent complètement ces offres, avec de nouveaux tarifs, de nouvelles cartes et des conditions différentes, ce qui est tout de même plutôt rare chez les banques traditionnelles. Quand cela arrive, ces dernières se contentent en général de modifier quelques tarifs ainsi que le nom du pack bancaire, sans aller beaucoup plus loin.

Ainsi, ces dernières années, les offres des banques en ligne ont énormément changé :

• Disparition progressive des conditions de revenus : à l’origine, à l’exception de Monabanq, toutes les banques en ligne demandaient à leurs clients de justifier des revenus minimums. Désormais, Fortuneo, Hello bank! (avec l’offre Hello Prime) et Boursorama Banque (uniquement pour les cartes à débit différées) sont les dernières à appliquer ce principe. Boursorama Banque avait initié le mouvement, comme souvent, avec l’offre Welcome, en 2017, qui était devenue gratuite sans condition de revenus.

• Des offres gratuites d’entrée de gamme : pour l’heure, il existe toujours des banques en ligne gratuite, mais il s’agit souvent des offres d’entrées de gamme. Ces offres sont sans découvert autorisé et intègrent une carte à autorisation systématique, mais permettent d’avoir une carte gratuite sans condition de revenus.

• Des offres haut de gamme payantes : alors que les offres payantes étaient presque inexistantes, elles se sont multipliées ces dernières années. Hello bank! a par exemple lancé Hello Prime, à 5€ par mois, début 2020. On trouve aussi l’offre Premium d’Orange Bank (7,99€ par mois), ainsi que l’offre Metal de Boursorama Banque (9,90€ par mois), lancée fin 2020. Généralement, ces formules sont sans condition de revenus, sauf chez Hello Prime.

• L’arrivée de conditions de dépenses : attention à ne pas oublier son compte bancaire après l’avoir ouvert. Chez de nombreuses banques en ligne, il faut maintenant utiliser sa carte bancaire au moins une fois par mois pour éviter de se voir prélever une pénalité. On retrouve surtout ces conditions dans les offres gratuites d’entrée de gamme, mais pas seulement.

• La baisse de certaines lignes tarifaires : alors que sont apparues les offres payantes, d’autres lignes tarifaires ont cependant baissé, voire disparut. C’est notamment le cas des frais de retraits et paiements hors zone euro, qui sont désormais gratuits dans de nombreuses offres alors qu’ils étaient encore payants il y a quelques années. Cette ligne a cependant baissé petit à petit, jusqu’à devenir gratuite. Une conséquence de la rude concurrence entre les banques.

Les tarifs actuels des banques en ligne

Voici donc, actuellement, les tarifs des principales banques en ligne :

Atteindre la rentabilité, le nouvel enjeu

En proposant des banques en ligne gratuites, l’objectif était de trancher avec les prix élevés des banques traditionnelles pour attirer les clients. Si les banques en ligne ont d’abord plutôt ciblé les personnes ayant un salaire, elles se sont aujourd’hui élargies en supprimant les conditions de revenus.

Sauf que qui dit gratuité, dit manque à gagner… comment les banques en ligne peuvent-elles se rémunérer en ne proposant que des offres sans frais ?

Le fait est que, justement, les banques en ligne ne sont pas toutes rentables. Elles sont au contraire supportées par de grands organismes, souvent des banques, qui sont conscients d’investir pour l’avenir et ne cherchent pas un système ROI immédiatement.

Très récemment (juillet 2022), une étude de l’ACPR, le régulateur bancaire Français, est cependant venue nuancer la rentabilité des banques en ligne sans nommer directement les banques concernées :

• Les acteurs spécialisés, indépendants, qui ne proposent pas tous les services bancaires sont presque tous rentables, ou le seront à l’horizon 2022-2023. Si l’ACPR ne liste pas les acteurs, on peut supposer que Nickel, Revolut ou encore Lydia en font partie.
• Les acteurs plus généralistes, qui dépendent souvent d’un grand organisme, ne le sont pas forcément. Seuls deux acteurs seraient rentables dont, probablement, Fortuneo, qui avait déjà communiqué dessus. En revanche, les autres banques en ligne comme Boursorama Banque, Hello bank ou encore Orange Bank ne le sont sans doute pas.

Pour les banques en ligne qui ne le sont pas encore, atteindre la rentabilité est devenu un enjeu majeur. Même si elles sont supportées par de grands organismes, il est important de trouver un système pérenne. Boursorama Banque s’est ainsi donné comme objectif d’atteindre la rentabilité en 2025.

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Trouver l’équilibre entre compétitivité et rentabilité

Comment obtenir la rentabilité avec des offres gratuites ? En observant les offres ainsi que les comportements des banques en ligne, nous avons identifié plusieurs actions mises en place :

• L’arrivée des offres premium payantes, qui restent très attractives financièrement par rapport aux banques traditionnelles, avec notamment la gratuité à l’étranger
• L’apparition des conditions de dépenses, ainsi que de certaines lignes tarifaires comme le coût des opérations réalisées au téléphone avec un conseiller quand le client aurait pu se débrouiller seul depuis son application
• La diversification des services : Boursorama Banque propose notamment une assurance habitation, une assurance auto ainsi qu’un plan d’épargne retraite. Des produits de crédit et d’épargne sont aussi développés. Les assurances-vie et livrets d’épargne seraient notamment rémunérateurs. On voit également de plus en plus souvent l’apparition de comptes bancaires pour les professionnels.

Il faut donc à la fois proposer des offres toujours gratuites ou peu chères, souvent associées à des primes de bienvenue, afin d’attirer de nouveaux clients ou de les conserver, ainsi que des services supplémentaires payants permettant d’améliorer la rentabilité. Un jeu d’équilibriste qui doit être bien maîtrisé pour parvenir à convaincre les consommateurs dans un milieu très concurrentiel.

Rédigé par Claire Krust - Mis à jour le 07/04/2023